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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 16:39
par Jean Lévy

Par millions, les salariés ont arpenté, par sept fois, les rues de nos villes. Ils ont crié, haut et fort, leur colère face au hold-up contre leur droit à une retraite à 60 ans – un repos pourtant bien gagné.

Dans plus de 250 villes, dans tous les départements, des foules, chaque fois fidèles aux rendez-vous, ont scandé leur attachement à une vie libre attendue après une vie de travail de plus en plus harassante. Les rues vibraient de la détermination populaire de s’opposer à une réforme qui s’inscrit dans une offensive généralisée. Une offensive qui vise en réalité toutes les conquêtes sociales arrachées par une lutte permanente, menée tout au long du XXème siècle.

Car la rage ouvrière dépassait largement la seule question des retraites.

Le chômage qui brise les vies ; les « petits boulots » qui vous interdisent toutes perspective et tous projets ; les salaires au pouvoir d’achat dramatiquement réduit depuis trois décennies ; la santé menacée sur les lieux de travail par des cadences inhumaines ; le droit de se soigner revu fois à la baisse ; des hôpitaux conçus pour être d’abord rentables ; le bagne dans l’entreprise, où le patron fait régner la terreur sur les salariés, privés de tout droit de se défendre – tout concourt à générer l’angoisse et la colère.

D’où les manifestations massives se succédant depuis début septembre et l’embrasement d’un peuple, solidaire des révoltes, quand il ne peut y participer.

Mais, au-delà des manifestations, débordant les mots d’ordre confédéraux, le nouveau de cette immense bataille sociale, ce sont les multiples initiatives prises « à la base », les barrages sur les routes, autour des raffineries, bloquant ports et dépôts de marchandises, les « actions coup de poing » de collectifs de salariés en lutte, des coordinations qui maintiennent la pression du nord au midi, hors de directives des centrales syndicales.

Les grèves professionnelles ont peut-être cessé, mais l’action démultipliée, qui se poursuit, démontre que la très grande mobilisation populaire continue sous d’autres formes.

Mais une question se pose :

pourquoi les mouvements de septembre-octobre, d’une telle ampleur, n’ont-ils pas débouché sur une victoire sociale ?

La raison en est simple : les confédérations, dont la CGT, et les partis qui se revendiquent de la « gauche », qui disent soutenir les salariés mobilisés, ont tout fait pour restreindre la cible, au-delà d’un simple aménagement d’un texte, seulement qualifié « d’injuste », au seul pouvoir politique en place, à Nicolas Sarkozy personnellement, et à son gouvernement. En jouant du naturel réflexe des colères accumulées contre l’hôte de l’Élysée.

Mais l’offensive antisociale n’est-elle qu « hexagonale », ne touche-t-elle que la France ? Bien sûr que non. De Madrid comme de Rome, de Lisbonne comme de Bruxelles, de Lisbonne ou d’Athènes montent les mêmes clameurs des travailleurs contre les plans d’austérité mis en place dans les 27 Etats de l’Union européenne.

Rien d’étrange à cette concordance d’offensives tout azimut contre les salaires, la protection sociale, et bien entendu, la retraite. Tous ces plans ont été concocté dans le cadre de l’UE par tous les gouvernements concernés, qu’ils se disent de droite ou affectent d’être « de gauche ». Cela vaut en particulier pour le recul de l’âge de la retraite, orientation européenne scellée à Barcelone en 2002, paraphée par Lionel Jospin et Jacques Chirac.

Cette unanimité européenne s’explique aisément : l’UE a été mise en place pour satisfaire les exigences du grand patronat. Le syndicat de celui-ci – Business Europe – est présidé par notre baron Seillière. En effet, le grand patronat vise, au plus vite, rentabiliser le capital dans le contexte d’une concurrence mondiale effrénée.

Pour atteindre ces objectifs, les grandes entreprises pèsent sur le prix de leur main d’œuvre et imposent aux gouvernements européens, très « compréhensifs », de détourner l’argent public (Santé, Education, Services public) à leur profit exclusif.

Tel est le but des privatisations transférant les biens de la Nation au capital privé.

Tel est le fond de la « crise », qui sert de justificatif à l’offensive antisociale généralisé.

Et rien de ces questions n’effleure dans les manifestations. Pas un mot sur « l’Europe ». Pas un mot d’ordre mettant en cause les responsabilités de l’Union européenne.

Cette absence pèse lourdement sur la suite du conflit, qui demeure confiné dans les simples rapports entre les citoyens de notre pays et Nicolas Sarkozy.

Cette approche restreinte fait bien sûr le jeu politicien du PS, qui peut envoyer ses leaders dans les manifestations, en pensant aux suffrages à engranger en 2012. La direction confédérale de la CGT ne pense pas autrement depuis son « recentrage » de collaboration de classe. Rappelons-nous la position de Bernard Thibault, lors du référendum de 2005, refusant de répondre NON à l’Europe.

Rien pour nous étonner, donc.

Mais ce qui pose problème, c’est le silence parallèle de la soi-disant « extrême gauche », qui a beau s’appeler « anticapitaliste », c’est le mutisme du PCF (opposition interne incluse) sur l’Europe.

Tous limitent la batille sociale à un combat anti-Sarkozy.

Certes, des groupes de militants, ceux du PRCF, du Front Syndical de Classe, du Comité Valmy et de l’Arc Républicain de Progrès, de divers blogs amis, tentent d’éclairer l’opinion populaire sur les responsabilités de l’Union européenne.

Nous posons publiquement la question aux milliers de communistes, toujours membres du parti :

Pourquoi ce silence de votre part ?

Pourquoi cette absence de référence à l’Europe dans vos analyses, vos débats intérieurs, vos réunions publiques ?

Seulement ainsi nous gagnerons la bataille !

Jean Lévy

1er novembre 2010, par Comité Valmy

 

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 15:06

aaa Vendemiaire 2010 drapeau

Le dos bien droit dans mon fauteuil

Je te salue toi militant

Qui va te faire casser la gueule

Dans la rue par n’importe quel temps

.

N’importe quel temps…

.

Je te rencontre tu me pardonnes

Uniquement via le vingt heures

Quand les médias bien à la botte

Minimisent ton baroud d’honneur

.

Baroud d’honneur…

.

Quand Pujadas te somme en somme

De faire ton mea culpa

Pour avoir cassé du matos

A la barbe des Dupont Lajoie

.

Dupont Lajoie…

.

C’est sans doute un peu trop facile

De te laisser monter au front

Face aux sarcasmes des imbéciles

Aux nerfs de bœuf des bas du Front

.

Des bas du Front…

.

Tout le monde n’a pas camarade

Le courage de Pierre Overney

L’abnégation de Pierre Goldman

Pour accepter de prendre des pierres

.

Prendre des pierres…

.

Aussi bien droit dans mon fauteuil

Je te rencontre tu me pardonnes

Uniquement via le vingt heures

Quand les médias rappellent la norme

.

Rappellent la norme…

.

Que tu deviens et c’est justice

L’objet de la honte et l’opprobre

Pour avoir dit que l’injustice

C’est bizarre s’arrête à la porte

.

S’arrête à la porte…

.

De tous ceux qui dans leur confort

Votent ces lois que tu contestes

En dernier redresseur de torts

Poing tendu face aux CRS

.

Aux CRS…

.

Philippe Ayraud

 

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 14:21

 

Par Michaël Hajdenberg et Mathilde Mathieu  

 

Raymond Soubie s’est oublié. L’architecte de la réforme des retraites n’a pas touché au système des pensions du Conseil économique et social et environnemental (CESE) où il a été nommé mercredi.

 Pierre Charon, la navigatrice Maud Fontenoy et tous les amis du président et du gouvernement qui l’accompagneront peuvent dormir tranquilles : non seulement ils vont rejoindre une institution connue pour être une des meilleures planques de la République. Mais leur avenir est assuré.

Car si les parlementaires ont fini par consentir à réviser leur régime de retraite, ils n’ont pas dit un mot de celui des membres du CESE, dont le régime est pourtant l’un des plus avantageux qui soit. Le fait que d’anciens ministres, députés mais aussi syndicalistes y siègent, expliquerait-il que le gouvernement les ait oubliés?

Il y a 1000 raisons de se retrouver un jour membre du CESE. On peut, comme Hervé Marseille, maire-conseiller général de Meudon, avoir laissé son siège d’administrateur de l’Epad à Jean Sarkozy. Ou alors, tel Yves Urieta, l’ancien maire socialiste de Pau, avoir rallié Nicolas Sarkozy pour faire obstacle à François Bayrou.

On peut également, comme Pierre Charon, ancien conseiller du président, être nommé au CESE au titre du développement durable pour avoir pris particulièrement soin de la faune et la flore du château de Chambord. Ou encore, telle Danièle Dussaussois, avoir accepté de laisser son siège de conseiller général à Isabelle Balkany à Levallois-Perret.

Bref. Outre leurs immenses mérites, tous ces futurs serviteurs du «dialogue entre les catégories socioprofessionnelles» au sein de cette assemblée consultative censée «suggérer les adaptations économiques ou sociales rendues nécessaires notamment par les techniques nouvelles», ont un point commun : les 233 toucheront 3768 euros brut mensuels pendant les cinq années qui viennent. Ou dix, voire quinze, si leur mandat est renouvelé, selon l’humeur et les besoins du prochain président.

La Cour des comptes appelle à une «réforme de fond» du système

Et après? Il ne faudrait tout de même pas que la République oublie du jour au lendemain tous les sacrifices consentis: non seulement les réunions en section, une fois par semaine, mais aussi celles en Assemblée plénière (18 réunions en 2009). Parfois, le Conseil émet même des «avis» (26 en 2009), et on ne se remet pas si facilement de telles responsabilités. Sur leurs vieux jours, il se dit que certains se tournent parfois un quart d’heure dans leur lit sans parvenir à s’endormir, se remémorant un mot qu’ils auraient pu écrire à la place d’un autre dans un rapport qui a fini au fond d’un tiroir.

D’où, en récompense, un régime spécial de retraite, dès l’âge de 60 ans. Une pension additionnelle, bien sûr, puisque les ex-membres du CESE touchent déjà une retraite due à leur activité principale.

Dans son rapport annuel de 2010, la Cour des comptes appelle donc à une «réforme de fond» du système de retraite du CESE. Elle juge «indispensable» que «soient reconsidérés les modalités et les paramètres de ce régime (âge de départ à la retraite et/ou montant des cotisations)» et souligne que la dépense pour 550 anciens conseillers, 228 pensions de réversion (pour les veuf(ve)s des membres), et 11 pensions d’orphelin s’élève à près de 11 millions d’euros (avant le renouvellement de mercredi). Les dix plus fortes pensions vont de 7405 euros à 10.552 euros par trimestre.

Seul problème: leur financement n’est pas assuré. En effet, pendant leur mandat, sur les 3768 euros brut de revenus mensuels, les membres du CESE acquittent une cotisation de 7,85% (contre 10,55% pour les fonctionnaires), soit 293 euros. Le règlement prévoit, sur un modèle proche de celui des députés, que les cinq premières années, l’affilié cotise double: 15,70 % (587 euros) au lieu de 7,85 %. Au bout d’un mandat de cinq ans, il valide donc dix annuités au lieu de cinq. Et touchera, à la retraite, environ 800 euros par mois; 1200 euros s’il fait deux mandats (contre une pension moyenne de 1122 euros pour les Français).

Vers un gouffre financier

Grand seigneur, le CESE a accepté de voir le taux de réversion chuter à 50% alors que jusqu’en juillet 2009, il était équivalent à celui des parlementaires, soit 66,6%. En dépit de cet effort intense, la Cour des comptes n’a pas pu taire les difficultés financières qui attendent la Caisse de retraite.

Le régime est en effet financé à seulement 14,52% par les bénéficiaires, ce qui le rend structurellement déficitaire: en 2008, les dépenses de la Caisse s’élevaient à 10 millions d’euros. Mais les cotisations des bénéficiaires n’ont fourni que 1,3 million d’euros. Les cotisations patronales versées par le CESE: 2,6 millions d’euros. 2,4 millions ont été pris de la poche du contribuable via une subvention de l’Etat. Enfin, environ 3 millions d’euros ont été prélevés sur le fonds de réserve de la Caisse.

Mais ce fonds s’amenuise: 29 millions d’euros en 2003, 14 millions d’euros en 2008 et… 0 euro en 2013 selon les prévisions du CESE. Le cabinet Adding, cité par la Cour des comptes, a réalisé un rapport dans lequel il estime que le risque budgétaire pour l’Etat est de 218 millions d’euros d’ici 2040.

Comment faire alors pour sauver le système de retraite de ce Conseil dont Dominique-Jean Chertier, président du Conseil d’administration de Pôle Emploi, jugeait dans un rapport rendu en janvier 2009 à Nicolas Sarkozy qu’il travaillait «en vase clos», et à qui il reprochait d’être, «trop consensuel», de ne «pas refléter fidèlement la société contemporaine» et d’être «insuffisamment réactif»?

Le président du CESE, Jacques Dermagne, qui sera très prochainement remplacé, a répondu à la Cour des comptes que «nombre de conseillers ont fait de réels sacrifices de leurs revenus professionnels durant et après leur mandat au CESE, en particulier les agriculteurs et les artisans». Dès 2008, selon lui, le CESE avait proposé une «solution»: que l’Etat rajoute un million d’euros pendant quatre ans au fonds de réserve, histoire de préserver le régime jusqu’en 2020. Tout simplement.

  

Michaël Hajdenberg et Mathilde Mathieu  

  

Publié sur http://www.gaullisme.fr/?p=10299

 

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 07:56
par Gérard Filoche

vendredi 29 octobre 2010, par Comité Valmy

2 millions de manifestants dans la rue ce jeudi 28 octobre

170 000 à Paris, 150 000 à Marseille, 120 000 à Toulouse (avec en tête de la manifestation, une centaine de salariés de Molex), 40 000 à Rouen, 32 000 à Lyon et Limoges, 25 000 à Tarbes, 18 000 à Orléans, 14 000 à Pau, 12 000 à Amiens…

Les manifestations, sans être de la taille des deux dernières restent énormes alors que nous sommes en pleine vacances de la Toussaint, que le bourrage de crâne du gouvernement sur le « respect de la démocratie » après le vote de la loi contre nos retraites bat son plein et son trop plein dans les principaux médias.

26,5 % de grévistes à la SNCF, un vol sur deux annulé à Roissy, la majorité des raffineries en grève et un gouvernement loin d’être rassuré sur le ravitaillement en carburant dans les semaines à venir…

Contrairement à tout ce qu’essayaient de faire croire la plupart des médias, l’unité syndicale a tenu bon et tous les syndicats appellent à la journée d’action du 6 novembre.

Le soutien de la population reste, lui aussi, énorme

Selon le dernier sondage CSA, 65 % de la population soutien la journée d’action. Là aussi, c’est énorme. Moins que lors du précédent sondage où le mouvement était soutenu par 71 % de la population. Mais les opposants à la mobilisation restent extrêmement minoritaires (19 % contre 18 % lors du précédent sondage).

Après des mois de conflits un tel soutien à la mobilisation est extraordinaire et montre à quel point le refus de la loi Sarkozy est profondément ancré dans la population.

La haine contre cette loi scélérate et contre Sarkozy s’installe durablement

Ce n’est pas parce que la loi a été votée par le Parlement qu’elle a gagné un gramme de légitimité.

Elle reste toujours aussi inique, financée à 85 % par le salariat et à 15 % par le capital. Sa principale fonction est de permettre aux profits, aux dividendes des actionnaires, de mettre la main sur la part de la richesse nationale qui devrait revenir aux retraités dans un pays dont, en 40 ans, la richesse doublera.

Cette loi est une sale loi, une loi scélérate et la grande majorité de la population en a pris conscience, ce qui constitue une défaite durable pour Sarkozy et son gouvernement au service des 1 % les plus riches de la population.

Des forces considérables restent disponibles

Nous avons tenu le choc ce 28 octobre, malgré les vacances, malgré l’outrancière propagande gouvernementale. La manifestation du 6 novembre s’annonce donc d’ores et déjà beaucoup plus importante que celle d’aujourd’hui. Il faut mettre le paquet pour en assurer le plein succès par des visites d’entreprises, porte à porte dans les HLM …

Des forces supplémentaires peuvent entrer dans la bataille et démultiplier celle des secteurs qui sont aujourd’hui en grève. Alors, Sarkozy sera obligé de faire comme Chirac pour le CPE, de ne pas appliquer sa sale loi ou de l’abroger.

Si ce n’était pas le cas, Sarkozy n’en serait pas quitte pour autant. La haine contre lui et sa loi inique persisterait et les attaques qu’il prépare (sous prétexte de résorber une dette publique dont il porte d’entière responsabilité) seront perçues comme d’intolérables agressions et la mobilisation ressurgira, sur les salaires, l’emploi, l’assurance maladie (qu’il est en train de livrer aux assurances privées), sur n’importe quel terrain car le ras-le-bol d’une politique cyniquement servile à l’égard des plus riches aiguise la colère populaire. Cette mobilisation reposera alors, inévitablement, la question de l’abrogation de cette sale loi contre nos retraites, inacceptable et inacceptée.

60 ans à taux plein ! Pas une année de plus, pas un euro de moins !

 

publié par Démocratie & Socialisme http://www.democratie-socialisme.org

 

publié par Comité Valmy http://www.comite-valmy.org/spip.php?article932

 

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 13:50
 vendredi 29 octobre 2010, par Comité Valmy

Le 15 mars 1944, dans la France occupée, les Résistants se sont unis sur le programme du Conseil National de la Résistance, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération , un ordre social plus juste, comprenant notamment « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».

A la libération, le système par répartition est mis en place sur le principe simple de la solidarité des générations : c’est le travail des actifs qui finance les retraites.

En donnant du travail aux jeunes, on augmente la richesse globale et on crée le financement pour les retraites. Voilà comment le niveau de vie a pu augmenter régulièrement pendant les trente années de croissance, "les Trente Glorieuses". Cette façon de pérenniser le système de retraite hérité de la Libération est la meilleure, elle implique de réindustrialiser notre pays et de recréer les emplois détruits par l’oligarchie financière.

Le projet du gouvernement, c’est exactement l’inverse !

Reculer l’âge de départ à la retraite n’aboutit pas à augmenter le nombre des actifs, mais à ajouter au chômage des jeunes le chômage des vieux. Ceux-ci n’auront pas plus de travail et resteront deux ans de plus au chômage. Au final, le système ne sera pas plus financé, il faudra encore abaisser les pensions, voire reculer encore et encore l’âge de départ.

Si c’est la meilleure façon de casser le système, pourquoi le gouvernement fait-il ça ?

Il le fait d’une part sur injonction européenne, où les lobbys des banques dictent la politique ultra-libérale de la Commission : remplacer le système par répartition par des fonds de pension, les « retraites par capitalisation », pour créer des profits énormes aux banques et aux assureurs.

Il le fait aussi parce que la famille Sarkozy s’est organisée pour remporter ce pactole : pendant que Nicolas Sarkozy détruit les acquis sociaux, son frère Guillaume Sarkozy a construit un monstre financier en réunissant la Caisse des Dépôts & Consignations avec le groupe Malakoff-Médéric. Il attend entre 40 et 110 milliards de bénéfices, dès que la loi imposée par son petit frère Nicolas sera mise en oeuvre.

Les casseurs, ce ne sont pas les jeunes, ce sont les Sarkozy et Cie !

Comme les Français de tous âges, les jeunes se battent pour le bien public, pour la solidarité des générations. Ils veulent vivre libres, dans un pays qui ne soit ni soumis à des intérêts étrangers, ni gouverné par des corrompus.

Voilà pourquoi il ne faut pas céder. Nous ne céderons pas.

La Constitution dit que le principe de la République est "le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple". Sarkozy n’est par un roi omnipotent, il n’a pas le droit de casser la France et son principe de solidarité. Il doit choisir : soit se soumettre au peuple souverain, soit partir.


COMITÉ VALMY

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 18:12
par José Fort le vendredi 22 octobre 2010

 

C’est au sommet européen de Barcelone, au mois de mars 2002, que Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient signé ce qui allait devenir force de loi dans de nombreux domaines et pas seulement sur l’ouverture du marché au gaz et à l’électricité, voie royale pour la déréglementation et l’introduction des critères de rendements financiers dans les secteurs publics. Le texte prévoyait aussi une " flexibilisation " renforcée du marché du travail, c’est-à-dire la possibilité de licencier sans aucune contrainte. Il annonçait une modification en profondeur des retraites en recommandant la fin des préretraites, l’augmentation de cinq ans de l’âge moyen de la cessation d’activité, la mise en place des fonds de pension. Il se prononçait en faveur d’un " allongement " du temps de travail et pour des mesures fiscales bénéficiant aux entreprises disposant de salariés payés à bas prix. A l’époque, ces décisions étaient passées sous silence et les deux futurs candidats à l’élection présidentielle s’étaient bien gardés d’y faire référence dans leurs programmes. Voici le paragraphe consacré aux retraites ratifié par Jacques Chirac et Lionel Jospin à l’issue du sommet européen de Barcelone en 2002.

« Il convient de réduire les incitations individuelles à la retraite anticipée et la mise en place par les entreprises de système de préretraites, d’intensifier les efforts destinés à offrir aux travailleurs âgés davantage de possibilités de rester sur le marché du travail, par exemple par des formules souples de retraite progressive et en garantissant un véritable accès à l’éducation et à la formation tout au long de sa vie. IL FAUDRAIT RECHERCHER D’ICI A 2010 A AUGMENTER PROGRESSIVEMENT D’ENVIRON CINQ ANS L’AGE MOYEN EFFECTIF AUQUEL CESSE, DANS L’UNION EUROPEENNE, L’ACTIVITE PROFESSIONNELLE. LES PROGRES A CET EGARD SERONT EXAMINES CHAQUE ANNEE AVANT LE CONSEIL EUROPEEN DE PRINTEMPS. » Outre cet allongement du temps de cotisation, le sommet européen de Barcelone préconisait la montée en puissance des fonds de pension pour financer les retraites via la Bourse. Pour Jacques Chirac à l’époque cela s’appelait « les fonds de pension à la française », pour Lionel Jospin « des modalités d’épargne salariale. »

 

José Fort

 

Source : Le Grand Soir

Publié par Comité Valmy http://www.comite-valmy.org/spip.php?breve461

Publié par Vendémiaire

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 16:16

Quelles marges de manœuvre pour Obama et quelle stratégie pour la gauche face à une droite dure, à la crise et aux attentes ?

 

Rencontre avec Mark Kesselman, professeur émérite de science politique à l’université Columbia de New York (Etats-Unis).

 

Barack Obama et le parti démocrate abordent les élections de mi-mandat qui renouvellent la totalité des élus de la Chambre des représentants et 37 sièges au Sénat, dans un climat qui selon tous les observateurs, leur est très défavorable. Le risque d’un basculement de majorité -au moins à la Chambre- le 2 novembre prochain est en effet élevé. Le débat s’articule principalement autour de la critique des plans de relance élaborés par la maison blanche, de la reforme de santé qui préoccupent bon nombre d’Américains opposés à un Etat jugé trop puissant, et des perspectives économiques plombées par la menace d’une nouvelle récession et un niveau de chômage élevé.

Alors que le « stimulus package » de l’hiver 2009 présente un bilan mitigé et paraît désavoué par l’opinion qui n’en ressent pas les effets, Obama vient de décider d’un nouveau programme d’investissement dans les infrastructures d’un montant de 50 milliards de dollars, et d’une nouvelle politique fiscale plus favorable aux entreprises et aux classes moyennes, revenant ainsi sur le bouclier fiscal instauré par Bush pour les hauts revenus.

Rejetés en bloc par les Républicains, poussés à une certaine radicalisation par l’émergence de groupes ultraconservateurs comme les « Tea Parties », et jugés insuffisantes par les plus progressistes, ces mesures sont au coeur d’une campagne qui s’organise dans un contexte politique et social en mouvement. Les syndicats, les organisations de gauche, de défense des droits des citoyens investissent davantage la scène politique et pourraient avoir une influence sur les élections en décidant de soutenir les candidats démocrates.

Cette rencontre avec Mark Kesselman éclaire sur le débat électoral en cours, la situation économique et sociale des Etats-Unis et le positionnement des organisations de la gauche américaine.

Vendémiaire

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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 14:04
Par Bernard Conte

vendredi 29 octobre 2010, par Comité Valmy

 

Pendant que le néolibéralisme fait son travail de sape, nos élites complices, grassement rémunérées, tentent de détourner l’attention des populations. À l’instar des prestidigitateurs, elles pointent des faits, des « évidences », des idées, des théories… pour mieux dissimuler la réalité et manipuler les opinions.  

Après avoir longtemps nié le phénomène du laminage des classes moyennes en Occident, les néolibéraux – de « gauche », comme de « droite »2 – l’admettent, au moins implicitement, aujourd’hui. Mais pour eux, ce phénomène serait tout à fait « naturel », car il se doublerait de l’apparition et de l’essor de classes moyennes au Sud et plus particulièrement dans les pays émergents.

Quoi de plus équitable ? Les pays du Sud n’ont-ils pas un « droit » inaliénable au développement et leurs populations ne peuvent-elles prétendre à « s’embourgeoiser » à leur tour ? La mondialisation néolibérale, tant décriée, aurait des effets positifs sur les classes moyennes au Sud. Face à la dynamique inéluctable de délocalisation des classes moyennes au Sud, les réactions égoïstes des « petits » bourgeois du Nord visant à protéger leur niveau de vie – en s’attachant à leurs privilèges, en revendiquant, en manifestant dans les rues, par exemple – seraient aussi vaines qu’inutiles, voire, à la limite, racistes.

Ce discours est totalement biaisé car la dynamique des classes moyennes suit un cycle au cours duquel elle passe par une phase de croissance, suivie d’une période de décroissement. Ces périodes sont déterminées par la nature des liens entre les classes moyennes et le capital. Pendant la phase ascendante, la classe moyenne prospère parce qu’elle est « l’alliée » du capital. Lorsqu’elle devient son « ennemie », la classe moyenne périclite. Dans les deux cas, c’est l’État, entre les mains de la classe politique, qui gère la production ou la destruction de la classe moyenne.

La dynamique cyclique des classes moyennes : entre densification et éclaircissement

Au cours des Trente glorieuses au Nord et pendant la période du développement introverti3 au Sud, la classe moyenne s’est densifiée, avec plus ou moins d’intensité, dans de nombreuses zones de la planète. L’adoption de politiques néolibérales, de désinflation compétitive au Nord et d’ajustement structurel au Sud, a inversé la tendance en éclaircissant les rangs des classes moyennes. Cette évolution donne à penser que la dynamique des classes moyennes suit une trajectoire cyclique.

L’évolution de la classe moyenne en Afrique : l’exemple de la Côte d’Ivoire

L’expérience de la Côte d’Ivoire, pendant et après le « miracle » économique, illustre bien cette dynamique. Sous l’égide de son Président, Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire a mis en œuvre un modèle de développement « au caractère libéral et ouvert officiellement affirmé, devait présenter trois étapes successives : le capitalisme privé étranger, le capitalisme d’État, avant la relève par le capitalisme privé national, encouragé par un processus de rétrocession. La stratégie industrielle retenue était la substitution des importations. La politique industrielle s’est appuyée sur l’État et les intérêts français dont les profits étaient garantis par le code des investissements promulgué en 1959 et par la protection du marché interne4 ».

Il s’agissait, pour l’État, de susciter l’apparition d’une classe « motrice », moyenne et supérieure, qui puisse prendre en main le développement national. À cette fin, l’État a mis en œuvre une stratégie multiforme notamment fondée sur :

 I) l’éducation – formation : « en 1960, l’État consacrait 22% de son budget à la formation ; cette proportion passait à 33% en 1973, pour atteindre 54,9% en 19835 ».

II) l’ivoirisation du capital et de l’emploi (et particulièrement des cadres) par la relève des étrangers dans la fonction publique, dans le secteur de l’immobilier et des PME et dans les grandes entreprises (le plus souvent filiales de sociétés transnationales) ainsi que par l’extension de l’appareil d’État et du secteur public6.

« L’appareil d’État sert de précurseur, de trait d’union et de tremplin à l’intégration des nationaux aux postes économiques. L’État joue le rôle d’agent moteur, créant les conditions de l’accès aux participations économiques, ne se substituant jamais à l’initiative privée là où elle existe, et toujours de manière à ce que ces initiatives soient compatibles avec les orientations du passé. La promotion des nouvelles initiatives tend à se faire dans des secteurs réservés7 ».

Ainsi, grâce à l’action publique, les classes moyennes émergent. Par exemple, « avec un effectif de 78 000 emplois en janvier 1978, l’Administration est le premier employeur du pays. Comme le secteur parapublic représente pour sa part 61 000 emplois (y compris les sociétés d’économie mixte) c’est près de 40 % de l’emploi moderne qui est, directement ou indirectement, contrôlé par l’État8 ». De même, dans son étude sur l’emploi en Côte d’Ivoire, Françoise Binet dénombre, en 1978, 4 832 patrons d’entreprises à Abidjan dont 41,2 % sont ivoiriens9. Ces chiffres traduisent l’émergence et la densification progressive de classes moyennes salariées et entrepreneuriales au cours des Vingt glorieuses (ou du miracle ivoirien), aussi marquées par un taux de croissance du PIB réel d’environ 7 % par an en moyenne, une performance qui a engendré l’entrée de la Côte d’Ivoire dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire selon la classification de la Banque mondiale. Dans les années 1970, la Côte d’Ivoire bénéficie du niveau de vie le plus élevé d’Afrique de l’Ouest.

Le tournant se situe au début des années 1980 avec la chute des cours internationaux du cacao et du café, principales exportations de la Côte d’Ivoire. A partir de 1981, s’ouvre la période de l’ajustement. En raison de l’intangibilité revendiquée de la parité du franc CFA vis-à-vis du franc français, l’ajustement sera tout d’abord désinflationniste (en termes réels ), puis en 1994, il comportera la dévaluation de 50 % du CFA. Les mesures d’abaissement de la dépense publique, de réduction des effectifs de la fonction publique, la privatisation, la disparition pure et simple d’entreprises publiques ou d’entreprises liées à l’industrialisation par substitution des importations… vont se traduire par un appauvrissement de la majorité de la population avec un creusement des inégalités. En considérant l’indice du PIB réel par habitant égal à 100 en 1980, sa valeur n’était plus que de 79,7 en 198810. La réduction des emplois publics grossit les rangs du secteur informel et inverse le flux de l’exode rural : « en ce début des années 1990, nombre d’autochtones, montés dans les villes car ayant bénéficié du programme gouvernemental de 1978, dit d’ivoirisation de la fonction publique, sont forcés de revenir dans leurs villages d’origine suite à la suppression de nombreux emplois administratifs11 ». Ces populations, appartenant à la classe moyenne « ajustée », « compressée », sont victimes d’un déclassement. On assiste à « l’extension de la pauvreté et à l’accroissement des inégalités12 ». L’augmentation de la pauvreté, qui en « 2008 a atteint un seuil critique de 48,9 % contre seulement 10 % en 198513 », traduit le fait que la classe moyenne se paupérise.

En Côte d’Ivoire, de l’indépendance à la fin des années 1970, la classe moyenne s’est constituée dans le cadre du modèle de développement mis en œuvre par Félix Houhpouët-Boigny. Cette classe a vu ses rangs s’éclaircir progressivement avec les programmes d’ajustement structurel néolibéraux. On observe cette même dynamique sous d’autres cieux.

Argentine : « la classe moyenne est détruite 14 »

En Amérique Latine, l’exemple de l’Argentine révèle que la période des ajustements a délité la classe moyenne nombreuse qui s’était constituée auparavant. En effet, jusqu’à la fin des années 1970, « l’Argentine était une société relativement bien intégrée – tout au moins si on la compare aux autres pays d’Amérique Latine – caractérisée par une vaste classe moyenne, résultat d’un processus de mobilité sociale ascendante dont la continuité n’avait jamais été remise en cause15 ». A partir des années 1980, la classe moyenne se délite. « On observe notamment l’entrée dans le monde de la pauvreté d’individus issus de la classe moyenne : il s’agit des « nouveaux pauvres » dont le nombre a cru de 338 % entre 1980 et 199016 ». Cette tendance s’est poursuivie, si bien qu’en janvier 2002, le Président argentin nouvellement élu, Eduardo Duhalde, révélait « qu’en 2001, la classe moyenne [avait] perdu 730 000 argentins, venus grossir les rangs des 15 millions de pauvres, soit 40 % de la population du pays17 ». A cette occasion, le Chef de l’État déclarait : « la classe moyenne est détruite18 ».

La fin du « miracle » asiatique et le laminage des classes moyennes

En Asie du Sud-Est, de 1970 à 1995, les pays émergents ont enregistré une forte croissance économique, si bien que l’on a parlé de « miracle ». Au cours de cette période, une classe moyenne essentiellement urbaine a progressivement émergé. La grave dépression de 1997-1998 a fortement impacté « la classe moyenne des pays du Sud-Est asiatique [qui] a payé le prix fort de cette crise : de nombreuses personnes ont perdu simultanément leur emploi et les économies de plusieurs années19 ». Le phénomène tend à se poursuivre avec la crise actuelle. En Corée du Sud par exemple, la crise actuelle (2008) « évoque celle de 1998. Du coup, les jeunes se ruent vers les sociétés d’État, où les emplois sont plus stables. En une décennie, la classe moyenne coréenne a diminué de 10 %. Beaucoup forment aujourd’hui une nouvelle classe de pauvres20 ».

Au Nord : l’euthanasie progressive des classes moyennes

Au Nord, depuis le début des années 1980, on assiste à « l’euthanasie » de la classe moyenne constituée pendant les Trente glorieuses21. Aux États-Unis, « s’il existe un point sur lequel les années 1980 ont réussi à créer un accord (de toute façon a posteriori) entre des économistes de différentes tendances, c’est précisément sur la diminution quantitative de la classe moyenne : « the big squeeze » de l’économie domestique située au niveau des revenus intermédiaires, la mobilité vers le bas des « cols blancs », les dumpies (downwardly mobile professionals selon la définition de Business Week) ont remplacé les yuppies plus connus du début des années 198022 ». La tendance au délitement a été masquée, jusqu’à la crise des « sous-primes », grâce à « un accès au crédit excessivement laxiste » qui « a permis à une grande partie des ménages moins nantis de maintenir un niveau de vie aisé » et qui « a généré ce qu’on pourrait appeler une ‘fausse classe moyenne’ aux États-Unis23 ». En Allemagne, selon une étude scientifique récente de l’institut DIW, au cours des dix dernières années, « les classes moyennes se sont « rétrécies24 » car elles sont « les perdantes des transformations qu’a subi la répartition des revenus au cours de la dernière décennie25 ». En France, la dynamique d’atrophie des classes moyennes est moins perceptible, en raison de l’existence initiale d’un État-providence renforcé et de sa plus lente destruction. Louis Chauvel montre que, pendant les Trente glorieuses, l’ascenseur social a permis à un grand nombre de jeunes, issus du milieu agricole ou ouvrier, d’accéder à la classe moyenne qui s’est développée rapidement au cours de cette période26. C’était l’âge d’or de la classe moyenne en France. Mais, à partir du début des années 1980, la situation se détériore progressivement. « Sans nier l’importance des difficultés des classes populaires et de ceux qui font face à la marginalisation sociale, c’est au tour des catégories centrales de la société d’expérimenter une forme de précarité civilisationnelle 27 ».

Il apparaît que les classes moyennes se sont développées dans des lieux et à des moments différents, pendant des périodes de durée variable, mais caractérisées par une croissance économique relativement élevée. Lorsque l’environnement s’est révélé moins favorable, ces classes moyennes sont entrées en crise. La dynamique des classes moyennes semble suivre une chronologie caractérisée par une période de croissance, prolongée par une phase de décroissement.

Dans cette hypothèse, il est utile de s’interroger sur les facteurs explicatifs de la dynamique cyclique des classes moyennes.

Quelques pistes de réflexion sur les déterminants de la dynamique cyclique des classes moyennes

Notre hypothèse suggère que l’on assiste, dans le temps, à une montée des classes moyennes suivie de leur décrue. Une raison de cette trajectoire pourrait se situer dans le rôle ambigu des classes moyennes dans le processus de développement. En effet, les classes moyennes apparaissent à la fois comme un facteur de développement économique et comme un frein à la croissance des profits. Le cheminement cyclique pourrait s’expliquer par un échelonnement différencié dans le temps des effets précités. Dans tous les cas, il apparaît que l’évolution de la classe moyenne est intimement liée à l’intervention de l’État. C’est l’État (ou plutôt les élites politiques au pouvoir) qui décide de (dé)règlementer et de légiférer pour promouvoir ou enrayer le développement de la classe moyenne. La loi est (presque) toujours instrumentalisée pour servir les intérêts du capital qui peuvent coïncider avec ceux de la classe moyenne à un moment donné et en diverger à une autre période. En cas de convergence d’intérêts, la loi favorise la densification de la classe moyenne, en cas de divergence, la loi organise l’euthanasie de la classe moyenne jugée inutile, hostile et coûteuse pour le capital.

La classe moyenne « alliée » du capitalisme industriel

Dans certaines circonstances, la classe moyenne apparaît comme un facteur de développement de par son impact sur l’offre et sur la demande. Par exemple, au cours de la période des Trente glorieuses, la classe moyenne (intégrant une bonne partie de la classe ouvrière) a largement participé au bon fonctionnement du système fordiste, caractérisé par la production de masse et la consommation de masse. Pour son développement, le capitalisme industriel avait besoin d’un grand marché ainsi que de capacités productives résidentes pour l’approvisionner.

La classe moyenne a tenu un rôle important dans la création et le soutien de la demande tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Grâce à un pouvoir d’achat en progression régulière, elle a consommé des quantités croissantes de biens et de services standardisés, mais elle a aussi accepté de payer un prix plus élevé pour la « qualité », ce qui a stimulé l’investissement pour l’innovation, la différenciation et la commercialisation de nouveaux biens et services 28.

Du côté de l’offre, certains considèrent la classe moyenne comme un vecteur important de l’entrepreneuriat et de l’innovation des petites entreprises. La classe moyenne s’est aussi constituée à partir de la main-d’œuvre qualifiée dont les entreprises et l’État (l’État providence) avaient besoin pour leur développement. Grâce à l’effort d’éducation – formation, ladite classe a fourni le capital humain nécessaire tout en permettant à une masse d’individus issus de milieux modestes de rejoindre ses rangs. Au total, « la classe moyenne apparaît comme la source de tous les intrants requis pour assurer la croissance en termes d’économie néoclassique – idées nouvelles, accumulation du capital physique et accumulation du capital humain 29 ».

Ainsi, les Trente glorieuses ont scellé un compromis (une « alliance ») temporaire entre la classe moyenne, essentiellement salariée, et le capital industriel. La superposition géographique des aires de production et de consommation était un élément décisif du compromis. Grosso modo, ce qui était essentiellement produit au Nord était consommé au Nord. Ce faisant, la fraction de la valeur ajoutée à laquelle les capitalistes renonçaient dans le processus productif, pour la verser sous forme de salaire direct et indirect, revenait dans leur escarcelle lors de l’achat des biens et services par les salariés. En d’autres termes, le salaire était à la fois un coût et un vecteur de profit pour l’entreprise. La coïncidence géographique de la production et de la consommation engendrait un cercle vertueux conduisant au développement autocentré.

Dans une certaine mesure, on a constaté la mise en place de compromis similaires dans les pays du Sud, au cours de la période du nationalisme – clientéliste, notamment caractérisé par l’industrialisation par substitution des importations. En Côte d’Ivoire, par exemple, le compromis initiateur de la classe moyenne était fondé sur la redistribution de la rente agricole issue des filières cacao-café, sur le développement du secteur industriel ainsi que sur les apports d’aide extérieure30. Le capital international récupérait la rente par le biais des importations et de la production nationale qu’il assurait majoritairement.

Lorsque le contexte évolue, les intérêts des protagonistes peuvent se mettre à diverger et le compromis peut être remis en cause. Dans ce cas, la classe moyenne et le capital deviennent ennemis.

La classe moyenne « énnemie" du capitalisme financier

La survenance d’une série d’évènements va graduellement modifier le contexte de l’économie mondiale : la fin du système de taux de change fixes en 1971, les chocs pétrolier de 1973 et de 1979, la stagflation, la crise de la dette des pays du Sud en 1982, la chute du mur de Berlin et l’implosion du bloc soviétique. L’évolution va permettre l’accélération et l’approfondissement de la mondialisation néolibérale, financière et économique.

Le capitalisme se financiarise et la production industrielle est relocalisée principalement sur le continent asiatique qui dispose d’une main d’œuvre à très bas salaires. La désindustrialisation frappe les pays du Nord31, mais également les pays du Sud32 qui avaient, dans le cadre du nationalisme – clientéliste, adopté des stratégies d’industrialisation par substitution des importations.

Le libre-échange permet d’inonder les marchés de produits à bas prix qui concurrencent (de façon déloyale ?) les productions nationales, révélant leur défaut de « compétitivité ». (Re)devenir compétitif33 implique l’abaissement des coûts de production directs et indirects. Cette démarche passe par la réduction des salaires réels, des avantages sociaux… et, plus généralement, des dépenses « clientélistes » (assimilées à de la corruption) et des dépenses liées à l’État providence (présentées comme inéquitables, car essentiellement corporatistes).

Sous prétexte de concurrence, il s’agit de rehausser les profits. Pour ce faire, il convient d’ajuster les structures économiques et sociales nationales aux règles du « laisser-faire » – « laisser-passer », étendu à l’ensemble de la planète. « Parmi la population, comme les pauvres le sont trop et que les riches sont exemptés 34, c’est sur la classe moyenne que reposera l’essentiel de la charge de l’ajustement 35 ».

Ainsi, la classe moyenne devient « l’ennemie » du capitalisme financiarisé car son existence injustifiée – puisque sous d’autres cieux, des populations assurent les mêmes tâches productives à moindre coût – réduit les profits. Le capitalisme dénonce le compromis conclu précédemment et fait procéder à l’euthanasie de la classe moyenne parasite. Pour ce faire, l’intervention de l’État, guidée par les élites politiques complices, apparaît indispensable.

La classe moyenne produite ou détruite par l’État

L’intervention de l’État est impérative pour assurer le développement de la classe moyenne ou son euthanasie, car c’est lui qui légifère, règlemente, incite, réprime… contrôlant ainsi, plus ou moins directement, une large part de la production et de la redistribution des richesses. L’État prend et donne, fait et défait, tricote et détricote… Par le biais de la loi, du secteur public, de la fiscalité – redistribution…, l’État façonne, corrige et adapte la structure sociale nationale. Les élites politiques (issues du suffrage universel en démocratie) assurent la direction de l’État, proposent et votent les lois. Ce sont donc lesdites élites politiques nationales qui portent la responsabilité de la densification ou de l’éclaircissement de la classe moyenne.

Durant la phase ascendante du cycle, le compromis entre le capital et la classe moyenne autorise les élites politiques à œuvrer en sa faveur. L’État intervient pour assurer un bien-être accru par la loi et la réglementation, pour créer des emplois, pour mettre en place des services publics de qualité…, ce qui a pour effet de densifier la classe moyenne36 tout en permettant au capital de se valoriser pleinement. On assiste à la construction de l’État providence et de l’État nationaliste – clientéliste. Au cours de cette phase, dans les pays du Sud, une bonne partie du surplus dégagé sur le territoire national, principalement sous forme de rente (agricole, minière, énergétique…), est mobilisé par l’État et distribué sur place. C’est la période des « Pères de la nation » (Houphouet-Boigny, N’Krumah, Nyerere…). Au Nord, le fordisme permet la croissance autocentrée, génératrice de surplus largement redistribué. Sur le plan politique, le climat est assez serein. En effet, en démocratie, les élites politiques émanent, pour une large part, de la classe moyenne. Elles fondent leur discours sur les concessions, obtenues ou à négocier avec les capitalistes37, au profit de la classe moyenne essentiellement. De ce fait, la classe politique se trouve relativement en phase avec l’électorat 38.

Au cours de la période descendante du cycle, qui coïncide avec la divergence des intérêts du capital et de la classe moyenne, l’État œuvre à la destruction de cette dernière. Cela signifie la défaisance39 des dispositifs mis en place au cours de la période précédente : l’État providence au Nord et l’État nationaliste – clientéliste au Sud. En régime démocratique, cette démarche présente un risque majeur pour les élites dirigeantes qui doivent mettre en œuvre des politiques contraires aux intérêts de leur électorat traditionnel40. Le contournement de cet obstacle politique implique l’atomisation du pouvoir de l’Etat central41, l’organisation de la démocratie virtuelle42, la promotion de l’idéologie du marché, la manipulation de l’opinion publique, le changement des élites par leur internationalisation43… Les élites, au pouvoir ou susceptible d’y accéder, réunies autour du projet néolibéral (monétariste ou ordolibéral) qu’elles déclinent avec le vocabulaire propre à leur position « officielle » sur l’échiquier politique, produisent un discours étriqué et peu différencié, qui tente de cacher la réalité de la dynamique de paupérisation du plus grand nombre, imposée par le capitalisme financiarisé. Le fossé se creuse entre la classe politique et les électeurs qui expriment leur désintérêt par une abstention massive aux scrutins électoraux. Malgré cela, les élites s’impliquent de plus en plus au service du capital contre les populations et particulièrement contre la classe moyenne. Pour elles, les règles du marché qui sont censées récompenser les prudents44 et sanctionner les téméraires ne s’appliquent pas aux capitalistes financiers. La crise de 2008, montre que les élites ont fait en sorte que « les téméraires semblent être les bénéficiaires de la crise qu’ils ont provoquée, tandis que le reste de la société [et particulièrement la classe moyenne] porte le fardeau de leur insouciance45 ». L’instrumentalisation de l’État et des institutions supranationales au service du capitalisme financiarisé engendre une crise globale de légitimité des élites, qu’elles soient nationales ou internationales.

Au total, selon que la classe moyenne sert ou dessert le capital, les élites utilisent l’État pour en densifier ou pour en éclaircir les rangs.

Conclusion

De nombreux scientifiques et commentateurs ont souligné l’importance des classes moyennes dans le processus de développement. Les performances des pays du G7 qui, de 1965 à 2004 ont représenté une part quasi stable de 65 % du PIB mondial peuvent être, en grande partie, attribuées à une classe moyenne nombreuse46. « Ce sont les classes moyennes qui ont bâti l’économie française du XXème siècle ; elles en ont été les plus grandes bénéficiaires47 ». Plus généralement, « sur le long terme (200 ans), l’économie de marché occidentale a resserré les inégalités entre les classes sociales [et] ce sont les classes moyennes qui ont le plus bénéficié de ce resserrement des inégalités48 ». La tendance s’inverse à partir de la fin des années 1970 avec la mondialisation néolibérale qui lamine progressivement les classes moyennes. Face à ce constat, d’aucuns49 avancent que la « réduction » des classes moyennes dans certaines zones géographiques serait surcompensée par la densification de ces mêmes classes dans d’autres zones du globe.

On s’interroge sur l’apparition et la densification des classes moyennes dans les pays émergents (Chine, Inde…). Selon notre analyse, dans un contexte de mondialisation néolibérale, de libre-échange, de déréglementation, de libre mouvement des capitaux… et de non-intervention incitatrice et protectrice de l’État, les classes moyennes ne seront qu’un phénomène éphémère. En effet, le marché mondial mettant en concurrence tous les peuples, les revenus sont forcément plafonnés par la nécessité de rester compétitifs par rapport aux nouveaux entrants sur ledit marché (par exemple : la Chine par rapport au VietNam…, etc). Dans ces conditions, une classe moyenne ne peut se développer durablement. Dès que, dans un pays, les revenus atteignent un certain seuil, les coûts de production deviennent trop élevés pour affronter la concurrence tant sur le marché national que mondial. Les productions concernées sont alors délocalisées vers des pays ou des régions plus compétitives, où se créent des embryons de classe moyenne au « détriment » de celle du pays d’origine. Il s’agit d’une sorte de jeu à somme nulle où l’un gagne ce que l’autre perd 50.

Pour se densifier durablement, la classe moyenne a besoin de l’intervention incitatrice et protectrice de l’État qui ne peut intervenir dans un contexte de mondialisation néolibérale. Il faut donc réhabiliter l’État. De plus, les élites politiques à la tête de l’État (ou susceptibles de l’être) doivent privilégier les intérêts de la classe moyenne par rapport à ceux du capital.

Depuis de nombreuses années, l’expérience nous montre qu’au niveau mondial – à quelques rares exceptions près 51 – les élites au pouvoir, au capital social internationalisé, semblent plutôt être à la solde du capital financier. Cela signifie que l’avenir radieux des classes moyennes implique le changement des élites qui ne se fera certainement pas sans violence 52.

 

Bernard Conte

 

Notes :

1 Cet article est une version épurée d’une communication présentée au Congrès des études africaines en France, CEAN – IEP de Bordeaux, septembre 2010.

2 En France, on les nomme : droite « bling bling » et gauche « caviar », sur le plan des idées politiques, une épaisseur de moins d’un cheveu les sépare.

3 Au Sud pendant cette période, « de nombreux pays optent pour un développement introverti en mettant en œuvre des stratégies d’industrialisation par substitution des importations (ISI), aptes à lutter contre la détérioration des termes de l’échange (DTE). Il s’agit de remplacer progressivement les importations de produits manufacturés par la production nationale dans une stratégie de remontée de filière. Pour ce faire, le marché domestique doit être protégé (au moins temporairement) et l’État joue un rôle majeur dans la mise en œuvre de ladite stratégie (state-led-development) », Bernard Conte, Clientélisme, ajustement et conflit, Bordeaux, CED, DT n° 101, 2004, p. 1.

4 Bernard Conte, Clientélisme, ajustement et conflit, op. cit. p. 5.

5 Bernard Conte, La division internationale du travail et le développement interne : le cas de la Côte d’Ivoire, op. cit. p. 359.

6 Ibidem, p. 321-376.

7 Bonnie Campbell, « Quand l’ivoirisation secrète une couche dominante », Le Monde diplomatique, novembre 1981.

8 République de Côte d’Ivoire, Ministère du plan, Plan de développement économique social et culturel, 1981-1985, Abidjan, 1982, p. 744.

9 Bilan national de l’emploi en Côte d’Ivoire, Ministère des relations extérieures, Etudes et documents, n° 47, Paris, mai 1982, p. 132.

10 Jean-Paul Azam, La faisabilité politique de l’ajustement en Côte d’Ivoire (1981 – 1990), (version révisée n°3) études du Centre de développement, OCDE, Paris, 1994, p. 71.

11 « Cote d’Ivoire, compétition capitaliste aigüe autour de la répartition de la rente issue de l’exploitation des ressources naturelles », La lettre de mouvement communiste, n° 15 ; janvier 2005, consulté le 19 août 2010.

12 Denis Cogneau et Sandrine Mesplé-Somps, L’économie ivoirienne, la fin du mirage ? Dial, Paris, Document de travail DT/2002/18, Décembre 2002, p. 88.

13Afrik.com, « Côte d’Ivoire : la pauvreté atteint le seuil critique de 48,9 % », 6 janvier 2009, consulté le 19 août 2010.

14 Gabriel Kessler, « L’expérience de paupérisation de la classe moyenne argentine », Cultures & Conflits, 35, 1999, http://www.conflits.org/index173.html Consulté le 17 juillet 2010. Le délitement de la classe moyenne s’observe aussi au Brésil, cf. par exemple : Larissa Morais, « La classe moyenne brésilienne », Jornal do Brasil, 12 mai 2004, traduction Elizabeth Borghino pour Autres Brésils, consulté le 8 août 2010.

15 Gabriel Kessler, « L’expérience de paupérisation de la classe moyenne argentine », art.cit.

16 Idem.

17 Latinreporters.com, « Argentine : le péroniste Eduardo Duhalde, 5e président en deux semaines », , consulté le 1er août 2010.

18 Idem. Le délitement de la classe moyenne s’observe aussi au Brésil, cf. par exemple : Larissa Morais, « La classe moyenne brésilienne », Jornal do Brasil, 12 mai 2004, traduction Elizabeth Borghino pour Autres Brésils, consulté le 8 août 2010.

19 Geneviève Brunet, « Crise des pays émergents. De bons élèves lourdement punis », L’Hebdo, consulté le 1er août 2010. Voir aussi : John Evans, « Impact social de la crise asiatique. » Le Monde diplomatique, mai 1998, pp. 3.

20 Alain Wang, « Asie : la crise frappe les classes moyennes », », Courriercadres.com 19 mars 2009, consulté le 2 août 2010.

21 Cf. Bernard Conte, La Tiers-Mondialisation de la planète, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2009.

22 Christian Marazzi, « Middle-class confusion de terme, confusion de concept », Collectif d’analyse politique, Première publication en juillet 1994, Mise en ligne le lundi 7 juillet 2003, consulté le 2 août 2010.

23 Marc-André href="Gagnon, « La ‘fausse classe moyenne’ piégée », Le journal des alternatives, 30 avril 2009, consulté le 2 août 2010.

24 « Elles constituent désormais moins des deux tiers de la société », Cf. note suivante.

25 Cidal, « L’érosion des classes moyennes se poursuit en Allemagne », Centre d’information et de documentation sur l’Allemagne, Paris, , publié le 17/06/2010, consulté le 4 août 2010. L’étude est disponible à cette adresse : http://www.diw-berlin.de/documents/publikationen/73/diw_01.c.357505.de/10-24-1.pdf

26 Louis Chauvel, Les classes moyennes à la dérive, Paris, Seuil, 2006.

27 Louis Chauvel, « Classes moyennes, le grand retournement », Le Monde, 3 mai 2006. p. 24.

28 Kevin Murphy, Andrei Shleifer et Robert Vishny, “Income Distribution, Market Size and Industrialization,” Quarterly Journal of Economics, (août 1989), p. 537-564.

29 Homi Kharas, The emerging middle class in developing countries, Working Paper n° 285, Paris, OCDE, Development Centre, janvier 2010, p. 7. Traduction de l’auteur. 30 Cf. Bernard Conte, « Côte d’Ivoire : du clientélisme ‘éclairé’ au clientélisme ‘appauvri’ », Strategic-Road.com, 19/04/2003, consulté le 27 août 2010.

31 « [En France], de 1997 à 2007, la part de l’industrie dans le PIB est passée de 18,4% à 12,1% et les emplois industriels ont diminué de 2 millions en trente ans », Pascal Salin, « Faut-il craindre la désindustrialisation ? », La Tribune, 10/03/2010.

32 « L’ajustement structurel a contribué, contrairement à ce que laisse entendre le FMI, à la désindustrialisation de l’Afrique », Joseph Stiglitz, « L’Afrique doit compter davantage sur elle-même », Les Afriques, 08/02/2010, http://www.lesafriques.com/actualite/joseph-stiglitz-l-afrique-doit-compter-davantage-sur-elle-5.html ?Itemid=89 ?articleid=22104 consulté le 26/08/2010.

33 La compétitivité devient obsessionnelle. Cf. par exemple : T. Biggs, M. Miller, M. Otto, C. et G. Tyler, « Africa Can Compete ! Export Opportunities and Challenges for Garments and Home Products in the European Market, » World Bank – Discussion Papers 300, World Bank. 1996.

34 Les riches sont les seuls censés produire de la croissance, il faut les protéger, par exemple grâce à un « bouclier » fiscal.

35 Bernard Conte, « Le oui irlandais débloque l’Europe ordolibérale », Contre Info.info, 10/10/2009, http://contreinfo.info/article.php3 ?id_article=2835 consulté le 27/08/2010. 36 Au Chili, « les couches moyennes ont joui d’une redistribution favorable – à l’intérieur de l’ensemble des salariés – des dépenses publiques dans les domaines de la santé, de l’éducation et surtout du logement, sous les différents gouvernements démocratiques qui ont précédé la dictature », Rosa Jimenez et René Urbina, « Les avatars des couches moyennes dans le Chili d’aujourd’hui », in. Tiers-Monde, 1985, tome 26, n° 101. Classe moyenne : la montée et la crise, p. 154-174. citation p. 161.

37 Il semble que les capitalistes soient prêts à accorder la majorité des concessions, car elles vont dans le sens de la marche du fordisme et du nationalisme – clientéliste.

38 Les promesses électorales peuvent être globalement tenues.

39 C’est à dessein que j’emploie le terme du vocabulaire financier « défaisance », car il s’agit d’une exigence du capitalisme financier.

40 En régime « moins » démocratique, la démarche peut conduire au conflit, éventuellement armé. Cf. Bernard Conte, « Afrique de l’Ouest : clientélisme, mondialisation et instabilité », Paris, Encyclopaedia Universalis, 2004, p. Du même auteur : « La responsabilité du FMI et de la Banque mondiale dans le conflit en Côte d’Ivoire », Etudes internationales, vol. XXXVI, n° 2, juin 2005. p. 219-228.

41 Cf. Bernard Conte, La Tiers-Mondialisation de la planète, op. cit. p. 194-199.

42 Ibidem, p. 199-203.

43 Cf. Yves Dezalay et Bryant G. Garth. La mondialisation des guerres de palais. Paris, Le Seuil, 2002 ; Zbigniew Brzezinski, Between Two Ages : America’s Role in the Technetronic Era, New York, Viking Press, 1970.

44 Ceux qui prennent des risques « calculés » par opposition à ceux qui prennent des risques « inconsidérés ».

45 George Friedman, “The Global Crisis of Legitimacy”, Stratfor, global intelligence, 4 mai 2010. http://www.stratfor.com/weekly/20100503_global_crisis_legitimacy consulté le 19 août 2010. Traduction libre.

46 “Underpinning the performance of the G7, and indeed driving the global economy, is a large middle class”, Homi Kharas, The emerging middle class in developing countries, op. cit.

47 Xavier Théry, « Comment les classes moyennes ont divorcé des élites », Marianne 2, 27/09/2009, http://www.marianne2.fr/Comment-les-classes-moyennes-ont-divorce-des-elites_a182194.html consulté le 30/08/2010.

48 Ibidem.

49 Les néolibéraux évidemment.

50 Par contre, le capital est toujours gagnant.

51 On peut citer le Venezuela.

52 Les révolutions ont souvent eu pour origine la classe moyenne.

 

Publié par Comité Valmy http://www.comite-valmy.org/spip.php?article933

Publié par Vendémiaire

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30 octobre 2010 6 30 /10 /octobre /2010 17:26

 

 

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 17:00

 

Depuis le 12 octobre, le mouvement contre la casse des retraites a franchi un seuil décisif. Les grandes journées d’action n’en forment plus le centre de gravité, bien qu’elles soient toujours aussi massives et sans cesse plus combatives, comme l’a montré le 19 octobre. Désormais, l’axe central de la lutte s’est déplacé sur le terrain des grèves illimitées et des différentes opérations de blocage de l’économie. Dans tout le pays, le mouvement prend la forme d’un foisonnement d’initiatives : débrayages, piquets, blocages, manifestations... Dans la meilleure tradition du mouvement ouvrier français, la grève se développe à l’initiative des syndicats d’entreprise, des Unions Locales, des Assemblées Générales interprofessionnelles, etc. – malgré la passivité des directions confédérales, qui dans ce domaine ne « dirigent » rien du tout. A cela s’ajoute l’intervention croissante de la jeunesse, avec désormais l’entrée en scène des étudiants, dans la foulée des lycéens massivement mobilisés. Le sol se dérobe chaque jour un peu plus sous les pieds du gouvernement Sarkozy.

Dans le pays de Juin 36 et de Mai 68, personne n’est en mesure de dire où le mouvement gréviste s’arrêtera. D’ores et déjà, toutes sortes de revendications – sur les salaires, les conditions de travail, l’emploi – se greffent à l’exigence du retrait de la réforme Woerth. Le mouvement se nourrit de toute la colère et toute la frustration accumulées dans la masse de la population, ces dernières années. L’autorité du gouvernement est en chute libre. Eric Woerth est l’homme le plus discrédité de France. Et pourtant, Sarkozy l’envoie sur les plateaux de télévision nous expliquer que cette réforme incarne l’« intérêt général », deux mots qui résonnent étrangement dans la bouche du Ministre du Travail et de la Corruption.

Les faits ne cessent de contredire les affirmations successives du gouvernement. Woerth affirme que le mouvement « décélère » alors qu’il se renforce de jour en jour. Il y a peu, Dominique Bussereau affirmait qu’il n’y aurait pas de pénurie d’essence, alors que les automobilistes constatent le contraire, sur le terrain, à une vaste échelle. Fillon jurait qu’il ne laissera pas les blocages se développer, dans le pays, et voilà qu’ils se multiplient. Et ainsi de suite. Le gouvernement s’enfonce dans une dénégation grotesque de la réalité. Son impuissance s’étale au grand jour. Cela mine encore plus son autorité – et renforce le moral des jeunes et des travailleurs en lutte.

Récemment, l’UMP Xavier Bertrand appelait la prétendue « majorité silencieuse » à exprimer son soutien à la réforme Woerth. Cet appel s’est évidemment perdu dans le néant. On a manifestement oublié d’informer le chef de l’UMP de tous les sondages qui, depuis plusieurs mois, soulignent que seule une petite minorité de la population soutient le projet du gouvernement. La grande majorité s’y oppose, de même qu’elle s’oppose au gouvernement dans son ensemble et à Nicolas Sarkozy en particulier. Elle s’y oppose malgré la fanfare médiatique permanente – et assez peu « silencieuse » – qui tente, en vain, de nous convaincre que cette réforme est « indispensable », etc.

La servilité de l’industrie médiatique est flagrante. Les journaux télévisés distillent tous les mensonges du pouvoir. Ils tentent de discréditer le mouvement en diffusant, en boucle, des images d’affrontements entre les forces de l’ordre et « des bandes de jeunes » (qui sont infiltrées par des agents provocateurs). Ils font silence sur le puissant mouvement qui se développe, dans de nombreux secteurs de l’économie. Mais cela a des limites. Au lieu de discréditer le mouvement, les grands médias se discréditent eux-mêmes.

La puissance de la classe ouvrière

Ce mouvement est la réponse à tous les sceptiques qui, ces 30 dernières années, dissertaient sur « l’impuissance » et « l’atomisation » de la classe ouvrière, voire même sa « disparition ». En réalité, les travailleurs disposent d’un pouvoir potentiel absolument colossal. Ils constituent l’écrasante majorité de la population active. Rien ne fonctionne sans leur permission. Or, la première conséquence d’un grand mouvement de grève, c’est précisément de faire prendre conscience aux travailleurs de leur propre force. « Le pays, c’est nous ! », s’exclamait récemment un gréviste d’une raffinerie, face aux caméras de télévision. Cette vérité a des implications révolutionnaires. Une fois que les travailleurs, dans l’action, ont pris conscience de leur grande force collective, il n’est pas facile de les arrêter !

En France comme dans toute l’Europe, l’intégration et l’interdépendance croissantes des différentes branches de l’économie ont considérablement renforcé le pouvoir potentiel des salariés. On le voit aujourd’hui avec la grève dans les ports et les raffineries, dont l’impact sur l’ensemble de l’économie nationale est très important. De même, une grève générale des routiers, des cheminots et de tous les salariés des transports paralyseraient complètement le pays. Il y a un autre appel à la grève illimitée qui doit alourdir l’ambiance déjà pesante, au sommet de l’Etat : celui des syndicats de convoyeurs de fonds. En 2001, déjà, une puissante grève des convoyeurs avait paralysé la circulation et l’approvisionnement de billets de banque.

Le mardi 19 octobre, François Fillon a annoncé un « plan d’acheminement du carburant », qui permettrait un « retour à la normale » d’ici « quatre ou cinq jours ». Cette annonce intervient 48 heures après celle, déjà oubliée, selon laquelle il n’y aurait pas de pénuries. Toujours est-il que le Premier Ministre n’est pas très bavard sur les détails de ce « plan ». Car à moins que les membres du gouvernement n’aillent eux-mêmes acheminer l’essence dans les stations-service, il faudra bien que des travailleurs le fassent. Or, les salariés de ce secteur ne semblent pas très bien disposés à l’égard du gouvernement ! Les réquisitions de grévistes – assorties de menaces de cinq ans de prison – sont une atteinte scandaleuse au droit de grève. Leur principal effet sera de renforcer la colère et la détermination des travailleurs mobilisés. Il n’y aura aucun « retour à la normale » tant que la grève des raffineries, la grève des ports et le blocage des dépôts seront aussi solides.

L’utilisation de la force pour débloquer les lycées, les routes et les dépôts de carburant est une autre atteinte flagrante à nos droits démocratiques. Mais ici, le gouvernement joue avec le feu. La répression pourrait encore radicaliser le mouvement. La mort d’un jeune, par exemple, déclencherait une réaction de colère massive. La semaine dernière, le représentant CGT d’une raffinerie en grève prévenait que si le gouvernement réprime la jeunesse, « on ira à l’insurrection ».

Développer une grève illimitée

A de nombreuses reprises, La Riposte a expliqué que la détermination du gouvernement à casser nos retraites ne serait pas entamée par des « journées d’action », même massives. Tout le monde en est désormais conscient. L’obstination de Sarkozy est parfaitement normale, du point de vue de la classe dont il défend les intérêts. Confrontée à une crise économique majeure et à une dette publique record (plus de 80% du PIB), la classe capitaliste n’a d’autre choix que de s’attaquer à toutes nos conquêtes sociales. Aujourd’hui, ce sont les retraites. Demain, ce sera l’assurance maladie, l’éducation nationale, le logement social, l’assurance chômage – et à nouveau les retraites. Après avoir versé des milliards d’euros dans les coffres des banques et des multinationales, l’Etat veut retrouver cet argent au détriment de la grande majorité de la population. Le capitalisme signifie désormais la régression sociale permanente.

Dans ce contexte, seule une généralisation du mouvement de grève reconductible est susceptible de faire reculer Sarkozy. Il est vrai qu’un tel mouvement ne se « décrète » pas. On ne doit pas lancer à la légère le mot d’ordre de grève générale illimitée. Il ne s’impose que dans des circonstances particulières : lorsque c’est le seul qui puisse faire avancer le mouvement – et lorsque que l’état d’esprit de la classe ouvrière s’y prête. Aujourd’hui, ces conditions sont clairement réunies. Une grève générale illimitée serait le prolongement direct, logique, de la multiplication de grèves qui, chaque jour, paralysent un peu plus le pays. Des appels dans ce sens émergent de nombreuses structures syndicales – non seulement de fédérations syndicales, mais aussi d’Assemblées Générales interprofessionnelles qui se sont tenues, au niveau départemental, dans les Ardennes et la Haute-Loire. Par ailleurs, les sondages montrent que face à l’obstination du gouvernement, toutes les forces vives de la classe ouvrière et de la jeunesse sont prêtes à un long et vaste mouvement de grève.

Le développement d’une grève générale illimitée doit s’accompagner d’une centralisation et d’une coordination démocratiques du mouvement. Les sites en grève devraient se coordonner aux niveaux local et national, sur la base de délégués élus en Assemblées Générales – et révocables. Une coordination nationale interprofessionnelle pourrait centraliser l’information, la faire circuler, discuter du mouvement au jour le jour et prendre les initiatives nécessaires pour renforcer la grève. L’intersyndicale nationale, dont plusieurs membres parlent de cesser le mouvement après le vote du Sénat, ne peut pas jouer ce rôle.

Le gouvernement affirme que le Parlement incarne la « représentation nationale », et qu’à ce titre il peut légitimement voter la réforme Woerth. Mais en réalité, la majorité parlementaire est le porte-voix d’une poignée de grands capitalistes qui tournent autour du « marché » des retraites comme autant de vautours. En face, il y a une écrasante majorité de jeunes et de travailleurs opposés à la réforme. Cette contradiction entre le Parlement et le mouvement ouvrier sera tranchée dans la lutte. Selon un sondage BVA publié aujourd’hui, 20 octobre, 59 % des sondés se disent « favorables à ce que les syndicats poursuivent leurs appels à des mouvements de grève et à des manifestations après l’adoption du texte de la réforme des retraites par le Parlement ». Les dirigeants syndicaux qui affirment que le vote du Sénat « changera la donne » cherchent à couvrir leur capitulation d’un voile institutionnel. Le mouvement est ascendant. Il faut le renforcer et le développer – quoi qu’en pense la majorité réactionnaire qui contrôle le Parlement.

Jérôme Métellus (PCF Paris 18e) 

Publié par La Riposte


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